Pourquoi vous serez plus utile en coupant le flux d’info

Hier, j’ai regardé sur Youtube une conférence dans laquelle intervenaient Arthur Keller et Aurélien Barrau, deux inspirateurs que j’apprécie tout particulièrement. Le premier est systémicien, ingénieur de formation, le second est astrophysicien et auteur du livre « Le plus grand défi de l’Histoire de l’Humanité ». Ils agissent tous deux depuis des années comme lanceurs d’alerte autour du devenir de notre système-Terre.

Dans cette vidéo, ils tentaient, comme ils le font inlassablement, d’éveiller les consciences sur la situation globale et de donner à leur auditoire (des étudiants notamment de Grandes Ecoles) une notion des ordres de grandeur en jeu et des actions pertinentes à entreprendre face aux menaces planétaires. Bref, un message très fort sur notre habitat mondial.

L’éco-anxiété est naturelle

Depuis des années je reste informée de relativement près sur ces sujets, et je ne découvrais donc pas d’information particulière sur ces sujets. Pourtant, j’ai pu voir comme cette conférence éveillait en moi des émotions fortes.

Clairement, l’éco-anxiété est là. Elle est là depuis des années, elle va et vient, mais des discours venant « remuer le couteau dans la plaie » la réveillent. Et c’est tout à fait naturel. Comment pourrait-il en être autrement ? L’éco-anxiété n’est pas une maladie mais une réponse naturelle à un phénomène menaçant. Il n’y a pas de raison de la pathologiser. Il est absolument normal qu’à chaque fois que la persistance de la menace, sa continuation, apparaissent, l’anxiété, ou les émotions difficiles, se réveillent.

C’est d’ailleurs bien le but de ce genre d’interventions ! Il s’agit d’éveiller les consciences, d’inciter à agir pour changer la situation, inverser la tendance.

L’idée sous-jacente, c’est que les gens doivent prendre peur pour pouvoir réagir. Comme le disait Greta Thunberg devant l’ONU en (VRF), « I want you to panick ».

Greta Thunberg, d’ailleurs, tout comme Aurélien Barrau et Arthur Keller, et bien d’autres, font un travail crucial, vital, d’information et d’alerte. De nombreuses personnes au sein de leurs auditoires en ressortent évidemment mieux informés. Ils accèdent par là au tout premier prérequis pour POUVOIR se mettre en mouvement et tenter d’inverser la tendance : comprendre ce qui se passe.

Paralysie

MAIS… Est-ce REELLEMENT efficace quand les gens paniquent ? Une expérience émotionnelle si forte, si elle nous terrasse, nous permet-elle vraiment d’agir au final ?

Bien sûr, il est évident que sans information, les gens ne savent même pas ce qui se passe. Sans personne pour crier « au feu ! », personne ne peut comprendre qu’il faut se mettre en mouvement pour éteindre le feu.

Mais ces « au feu ! » semblent paralyser une partie des personnes qu’ils cherchent à mettre en mouvement. C’est potentiellement une expérience émotionnelle intense que d’assister à ces discours. Si intense qu’elle peut causer des dépressions, des insomnies, des troubles compensatoires, etc. (Encore une fois, cela ne signifie pas que les personnes « surréagissent » : il est normal de réagir très fortement à une situation très anormale). Certains aussi, face à la charge émotionnelle, détournent le regard et entrent dans le déni ou dans une forme de dissociation.

Et en même temps… les lanceurs d’alerte n’ont pas d’autre choix que de lancer l’alerte. C’est leur rôle, et il est indispensable.

Ne pas nous confronter trop souvent à nos déclencheurs émotionnels

La solution réside en chacun de nous… En tant que personnes conscientes des enjeux planétaires, nous devons apprendre à gérer nos déclencheurs émotionnels. Et cela passe par le fait de couper un peu les informations, de couper Youtube, de ne pas rajouter des conférences alarmantes aux rapports alarmants, tous les jours, matin, midi et soir.

Une fois que nous, « éco-lucides », avons bien cerné la situation, il est bon évidemment de continuer à s’informer régulièrement, mais en gérant nous-mêmes le flux de ce que nous laissons entrer dans notre esprit. La résilience émotionnelle et la mise en mouvement, l’action juste, passent aussi par là : ne pas se laisser dévaster, déraciner, ne pas aller chercher les déclencheurs émotionnels de manière trop répétée. C’est à nous d’apprendre à connaître nos réactions émotionnelles pour savoir quelle quantité d’information environnementale nous pouvons accueillir, à quelle fréquence et quelle dose.

Une fois que nous sommes éveillés à ces sujets, concentrons-nous sur le fait de prendre soin de nous-mêmes, pour pouvoir agir de manière juste et efficace. Si nous nous laissons trop déstabiliser, nous ne serons utiles à personne. Travaillons à retrouver notre stabilité, notre ancrage. C’est la condition pour pouvoir, tous ensemble, régénérer notre habitat planétaire.

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